Histoire des Idées et Critique Littéraire
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De Ben Jonson à Patrick Chamoiseau, en passant par le marquis de Sade et Augusto Roa Bastos, nombreux sont les écrivains qui ont orné leurs textes de notes marginales. Depuis la Renaissance, romanciers, dramaturges, quelques poètes ont fait de l’annotation un dispositif stratégique censé afficher une orthodoxie – réelle ou feinte –, contrôler la réception du texte, voire marquer une dissidence à l’égard des discours dominants. Mais les enjeux de cette « prose notulaire » (Jean-Paul Richter) où s’objectivent à la fois un rapport à la tradition et une position idéologique, varient sensiblement du drame baroque allemand (Gryphius, Lohenstein) à la satire de l’érudition chère à Swift, de la fiction historique du XIXe siècle (Scott, Vigny) aux romans d’avant-garde comme House of leaves de Marc Danielewski.
Pour la première fois, les différents modèles de l’annotation littéraire, leurs filiations et leurs discontinuités, font l’objet d’une vaste enquête comparatiste qui en analyse la prolifération entre le XVIIe et le début du XIXe siècle, puis l’obsolescence et, enfin, la palingénésie contemporaine. La démarche adoptée par Andréas Pfersmann associe constamment les conditions historiques de production des oeuvres et les problèmes théoriques sous-jacents tels que le statut de la fiction. Il en ressort que les marges de la page imprimée apparaissent comme un lieu éminemment politique où la « fonction auteur » (Foucault) ne cesse d’être redéfinie, dans ses rapports complexes avec le texte, le champ littéraire, le public et l’infléchissement de la lecture.
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